Porte Juiverie

Le Portail Sainte-Madeleine ou Porte Juiverie

Porte d’entrée sud du village médiéval, le portail de la Madeleine (1576) ou porte Sainte Marie-Madeleine(1648) annonce, comme dans de nombreuses autres villes, la proximité d’un hospice ou refuge pour le voyageur pèlerin. Cette « hospitalité » était située juste après le « petit portalet » de la rue Chabreiras (rue des Chevriers). Elle fut ensuite transformée en prison.

Une niche, encore visible en 1960, abritait un petit oratoire avec une statue de Marie-Madeleine. Elle est cachée actuellement par une plaque gravée en latin dont l’authenticité est très contestée. Le nom de Peyruis, connu très tôt comme Petrosio, vient de Pey (colline, butte).

Au-dessus de la porte, se trouvait au Moyen Âge et jusqu’à la révolution, la « maison commune », lieu de réunion des consuls (représentants du peuple auprès des seigneurs) et une salle de classe réservée aux garçons. Celle-ci a fonctionné jusqu’au milieu du XIX e siècle et l’institution de la scolarité laïque et obligatoire.


Quartier de la juiverie (XII e -XIII e siècle)

Plus tard, le quartier a été dénommé « La Juiverie » et la porte « Porte Juiverie » en mémoire de la communauté juive qui a résidé là.

La présence juive au Moyen Âge est attestée dans tout le comté de Provence. On n’a encore jamais trouvé trace de cette communauté dans les archives peyruisiennes, mais elle est mentionnée dans les travaux de recherche de M. Shatzmiller à travers les archives de Manosque. Peyruis, comme beaucoup d’autres villages situés le long de la Durance, se trouve dans la liste des villes hébergeant des juifs au XIII e siècle et début du XIV e . Ils sont présents en Provence dès le XII e siècle. Après que le roi Philippe le Bel les ait expulsés de France en 1306, ils arrivèrent en grand nombre.

Ils dépendent des seigneurs du lieu à qui ils paient une taxe particulière, la « taille des juifs », en échange de leur protection. Considérés comme citoyens, ils ont la même protection judiciaire que les autres et le droit d’exercer leur profession : commerçants (qui achètent les récoltes de graines, amandes, huile qu’ils écoulent vers les villes), préteurs (surtout dans les grandes villes)et médecins réputés.

La communauté est regroupée dans un quartier particulier autour d’une synagogue (dans les villages, une seule pièce en fait office) abritant dans une cave un bassin pour le bain rituel. Dans le même quartier, on trouve aussi généralement un four à pain azyme et dans les caves, des cuves à vin casher. À Peyruis, on n’a encore jamais retrouvé ces traces.

Les communautés de Haut-Provence ont disparu vers le milieu du XIV e siècle, après des émeutes et des crimes dont les juifs étaient la cible (on les a rendus responsable de l’épidémie de peste de 1348). Pour être tranquilles, ceux qui sont restés se sont convertis et se sont fait baptiser. Beaucoup sont partis.

La visite se poursuit par la rue du Grand Cabaret qui descend au départ de la place de la fontaine Parlatan. Les maisons qui la bordent ont commencé à se construire le long de la route d’accès au village aux 15e et 16e siècles, en dehors des murs d’enceinte, car on ne craignait plus les envahisseurs. Au numéro 18, une jolie façade à fenêtres Renaissance montre l’aisance de certains propriétaires à l’époque. Le passage conduisait à une cour où trois ateliers de potiers fabriquaient pots en terre, moellons et conduites d’eau (borneaux).

Aux numéros 28 – 30 se situe l’emplacement du Grand Logis appartenant aux seigneurs de Peyruis, rebaptisé Grand Cabaret après la Révolution. C’est là que les voyageurs devaient s’acquitter du péage avant de rentrer dans le village. Derrière la grille, on aperçoit encore la grande cour de l’auberge bordée par les écuries où les voyageurs changeaient leur monture.